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Le chat de l'aiguille

La démocratie sur le terrain

2 Mai 2017, 11:21am

Publié par Thomas Leroyer

Casquette sur la tête, son paquet de tracts à la main, il piétine à l’angle du marché, du côté du parking. Plus tout jeune. Me voyant passer, il me tend sa littérature. Il y est question des positions du Parti communiste au sujet de l’élection présidentielle. Je lui explique que je ne me détermine pas sur la simple lecture d’un tract. Avec un bon sourire, il me répond : Un militant, un vrai de vrai. Qui se bat pour des idées en lesquelles il croit. Peu de chances que ce soit par ambition, ou par intérêt personnel. Et donc, nous engageons la conversation. “À notre époque, il y a de moins en moins de citoyens. Il n’y a plus que des consommateurs.” J’en conviens. Lui, il fait partie de la vieille école ; il est animé par des valeurs fortes : justice, solidarité, reconnaissance du travail. Et il y croit. Je ne suis peut-être pas d’accord avec les idées qu’il met en avant pour réaliser son idéal, mais j’ai de l’estime pour son engagement. Dans les entreprises, il m’arrive d’en rencontrer parmi les représentants du personnel. Certains, enfermés dans leurs idées, sont insupportables, réfractaires à tout compromis. C’est pour eux une trahison que d’être d’accord avec la direction et de le dire. Ils se sont enfermés dans leurs certitudes, et tant pis si le monde évolue autrement que ce qu’ils avaient prévu. D’autres, comme on dit, ont mis de l’eau dans leur vin. Ils restent fidèles à leur idéal, mais ils ont compris que l’on ne peut avancer que par voie de compromis. J’ai plaisir à discuter avec eux. On se met facilement d’accord sur des choses très simples et très concrètes. Ensuite, ils ont tendance à généraliser. “Les patrons, tous pourris.” Non, pas tous pourris, et il ne suffit pas d’avoir en tête le comportement d’un “patron voyou” dont on a parlé à la télé pour se permettre d’affirmer que tous le sont. Et en sens inverse, il ne suffit pas de pointer un délégué qui utilise les droits liés à son mandat dans son seul intérêt personnel pour pouvoir affirmer que tous le sont. Mon militant communiste et moi, sur le marché de Saint-Jean, nous tombons rapidement d’accord. La campagne électorale en vue des présidentielles est bien pauvre. Les vrais problèmes sont rarement mis en avant. Trop d’ambitions personnelles, trop d’ego. Bon, mais ce n’est pas pour son parti que je voterai. Je le lui dis. Il ne m’en veut pas. À chacun ses convictions. Mais le principal, c’est d’avoir engagé la conversation. Nous nous serrons la main. Peut-être est-ce d’abord ça, la démocratie… 

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